Une décision qui révèle non seulement les difficultés économiques du pays, mais aussi une tendance croissante à la dédollarisation dans certaines économies fragiles.
Une pénurie de dollars qui asphyxie l’économie
La Bolivie, autrefois un acteur majeur de l’exportation de gaz en Amérique du Sud, voit aujourd’hui ses réserves de devises fondre à mesure que sa production nationale de gaz diminue. En conséquence, le pays s’est retrouvé contraint d’importer de plus en plus de carburant, mais sans disposer des réserves en dollars nécessaires pour financer ces transactions. Cette situation a entraîné des pénuries de carburant, des files d’attente interminables aux stations-service et une grogne sociale croissante.
Pour faire face à cette crise, Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB), la plus grande entreprise publique du secteur énergétique en Bolivie, a décidé de se tourner vers les cryptomonnaies. Selon un porte-parole de l’entreprise, un système de paiement en crypto a déjà été mis en place pour faciliter l’achat de carburant sur les marchés internationaux.
Une transition encore en suspens
Malgré l’annonce, le gouvernement bolivien a confirmé que les paiements en cryptomonnaies n’avaient pas encore été réalisés, bien qu’ils soient prévus prochainement. L’absence de détails précis sur les cryptomonnaies qui seront utilisées soulève des interrogations. Si le Bitcoin (BTC) pourrait être un choix naturel, les stablecoins indexés sur le dollar, comme l’USDT (Tether), semblent être une option plus plausible en raison de leur stabilité relative.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de levée de l’interdiction des cryptomonnaies par la Banque centrale de Bolivie l’an dernier. Depuis cette décision, le pays a vu une explosion de l’intérêt pour ces actifs numériques, avec des volumes d’échange en forte augmentation. Cette dynamique pourrait favoriser une adoption plus large de ces technologies dans l’économie nationale.
Dédollarisation : un mouvement global ?
La Bolivie n’est pas le seul pays à explorer l’utilisation des cryptomonnaies comme alternative au dollar dans les transactions internationales. En Amérique latine, le Venezuela avait tenté d’utiliser l’USDT pour ses exportations de pétrole, avant que Tether ne bloque ces transactions sous pression internationale. D’autres nations, comme l’Argentine, touchée par une inflation galopante, voient aussi les cryptomonnaies gagner du terrain dans leur économie informelle.
Pour la Bolivie, ce virage crypto pourrait représenter un soulagement temporaire face à la pénurie de dollars, mais il reste incertain quant à sa viabilité à long terme. Le pays devra surmonter des défis réglementaires, techniques et diplomatiques pour assurer la stabilité de ce nouveau mode de paiement.
Un pari risqué, mais nécessaire ?
Alors que l’inflation en Bolivie s’accélère et que la population subit de plein fouet les conséquences de la crise énergétique, le recours aux cryptomonnaies pourrait être une solution pragmatique à court terme. Toutefois, les incertitudes liées à la réglementation et à l’acceptation internationale de ces transactions pourraient limiter son impact.
L’expérience bolivienne sera scrutée de près par d’autres économies en difficulté. Si elle réussit, elle pourrait ouvrir la voie à une adoption accrue des cryptomonnaies dans le commerce international, au-delà des marchés financiers traditionnels.
